**Doina de Jale : Un Témoignage Musical du Maramureș**
La doina de jale est une forme musicale profondément enracinée dans la culture roumaine, particulièrement dans la région du Maramureș. Cette tradition musicale exprime une palette d’émotions, allant de la tristesse à la nostalgie, et se distingue par sa capacité à transmettre des récits personnels et collectifs. Cette analyse détaillée explore l’origine, l’historique, les instruments, la structure musicale, les danses associées, des exemples musicalement significatifs, et les artistes qui ont marqué cette tradition.
Origine
La doina de jale trouve ses racines dans les terres du Maramureș, une région située dans le nord de la Roumanie, connue pour sa riche culture folklorique et ses paysages pittoresques. Le terme « doina » est dérivé du mot latin « doinos », signifiant chant. Le mot « jale » se traduit par « tristesse » ou « deuil », ce qui reflète l’essence émotionnelle de cette musique. Historiquement, la doina a servi de moyen d’expression pour les paysans et les bergers, leur permettant de narrer leurs soucis, leurs joies, et leurs espoirs dans un contexte communautaire.
Historique
La doina de jale a évolué au fil des siècles, influencée par les événements sociaux et politiques qui ont marqué la Roumanie. Dès le Moyen Âge, les doinas étaient chantées par les troubadours locaux, qui se déplaçaient de village en village, partageant des histoires à travers la musique. Avec l’occupation ottomane, les influences orientales ont également laissé leur empreinte sur la structure musicale de la doina.
Au XIXe siècle, la doina est devenue un symbole de résistance culturelle face à la domination étrangère. Des figures comme Vasile Alecsandri, un poète et homme politique roumain, ont collecté et publié des doinas, contribuant à leur préservation et leur diffusion.
**Lieux et Personnes Marquants :** Le village de Ieud est souvent cité comme un foyer de la doina, où des rassemblements communautaires et des festivals mettent en avant cette tradition. Des musiciens comme Gheorghe Zamfir ont joué un rôle clé dans la popularisation de la doina au niveau international, notamment grâce à ses performances à la flûte de pan.
Instruments
La doina de jale est traditionnellement interprétée sans accompagnement instrumental, ce qui permet une grande liberté d’expression vocale. Toutefois, certains instruments peuvent être utilisés pour enrichir la performance :
– **Flûte de Pan (Nai)** : Instrument emblématique de la musique roumaine, la flûte de pan est composée de tuyaux de différentes longueurs, permettant une grande variété de sons. Elle est souvent utilisée pour imiter les nuances de la voix humaine.
– **Cimpoi (Cornemuse Roumaine)** : Fabriquée à partir de peau de chèvre, la cornemuse roumaine apporte une texture sonore unique à la doina.
– **Vioara (Violon)** : Utilisé pour accompagner le chant ou pour des solos, le violon ajoute une dimension mélodique et émotionnelle à la doina.
– **Cobza** : Un instrument à cordes pincées, semblable au luth, qui offre un soutien harmonique.
Structure Musicale
La structure de la doina de jale est caractérisée par un mode modal, souvent basé sur des échelles pentatoniques ou hexatoniques. Le phrasé est libre, permettant au chanteur d’explorer des variations mélodiques et rythmiques. Les doinas n’ont pas de mètre fixe, ce qui contraste avec d’autres formes musicales plus structurées.
**Harmoniques et Mélodiques :** Les doinas utilisent des intervalles chromatiques et des ornements mélodiques tels que le trille et le mordant, créant une expressivité intense. La doina de jale se distingue par sa capacité à communiquer des émotions profondes, souvent à travers des mélodies descendantes qui évoquent la tristesse et la mélancolie.
Danses
Bien que la doina de jale soit principalement une forme de chant, certaines danses traditionnelles du Maramureș y sont associées, reflétant les émotions exprimées dans la musique.
**Pas et Chorégraphies :** Les danses associées à la doina de jale sont souvent lentes et solennelles, avec des mouvements gracieux et fluides. Les danseurs forment généralement des cercles ou des lignes, se tenant par la main ou l’épaule, et exécutent des pas glissés et des tours mesurés.
Exemples de danses
Voici quelques exemples de danses traditionnelles qui peuvent être accompagnées par la doina de jale :
– **Hora Maramureșului** : Une danse en cercle, où les participants exécutent des mouvements lents et synchronisés.
– **Jocul Bătrânesc** : Danse ancienne du Maramureș, caractérisée par des pas glissés et des mouvements de bras fluides.
Exemples musicaux
La doina de jale a inspiré de nombreux musiciens et interprètes, offrant une riche collection d’enregistrements.
– ** »Doina Oltului » de Gheorghe Zamfir** : Interprétation magistrale à la flûte de pan.
– ** »Doina de Jale » par Dumitru Fărcaș** : Virtuose de la taragot, Fărcaș offre une interprétation poignante.
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– ** »Doina din Maramureș » de Ion Drăgoi** : Violoniste talentueux, Drăgoi capture l’essence de la doina de jale.
Artistes
La tradition de la doina de jale a été perpétuée par de nombreux artistes, tant célèbres que moins connus.
– **Gheorghe Zamfir** : Né en 1941 à Găești, Zamfir est surnommé le « Maître de la flûte de pan ». Sa carrière internationale a contribué à populariser la doina au-delà des frontières roumaines.
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– **Dumitru Fărcaș** : Né en 1938 à Maramureș, Fărcaș était un maître du taragot. Il a joué un rôle clé dans la diffusion de la musique folklorique roumaine.
– **Ion Drăgoi** : Violoniste renommé, Drăgoi est connu pour ses interprétations authentiques des doinas de jale. Né en 1946 à Bacău, il a laissé un héritage musical riche.
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– **Grigore Leșe** : Né en 1954 à Maramureș, Leșe est un chanteur et ethnomusicologue qui a consacré sa vie à la préservation des traditions vocales roumaines.
– **Maria Tănase** : Connue comme l’Édith Piaf de la Roumanie, Tănase a interprété de nombreuses doinas, captivant son public avec sa voix émotive.
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– **Angela Buciu** : Chanteuse originaire du Maramureș, Buciu est reconnue pour ses interprétations puissantes et authentiques du répertoire folklorique.
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En conclusion, la doina de jale est bien plus qu’une simple forme musicale : c’est un témoignage vivant de l’âme roumaine, une expression de l’identité et de la résilience d’un peuple. Enracinée dans une histoire riche et complexe, elle continue d’inspirer et de toucher des générations, transcendant les frontières culturelles et temporelles.