Chants Liturgiques Arméniens

Origine

Les chants liturgiques arméniens, également connus sous le nom de **sharakans**, sont un élément fondamental de la tradition musicale de l’Arménie. Ils trouvent leur origine dans l’ancienne Église apostolique arménienne, l’une des plus anciennes églises chrétiennes du monde, fondée au début du IVe siècle. Cette musique liturgique est profondément enracinée dans la culture et l’identité arméniennes, reflétant des siècles de foi et de tradition.

Les sharakans sont nés dans un contexte où la musique servait à élever l’esprit et à renforcer la communauté croyante. Les premiers chants ont probablement été influencés par des traditions musicales plus anciennes de la région, y compris les musiques païennes pré-chrétiennes et les hymnes byzantins. L’Arménie, située à la croisée de l’Orient et de l’Occident, a toujours été un carrefour de cultures, et cela se reflète dans ses traditions musicales.

Historique

L’histoire des chants liturgiques arméniens est étroitement liée à celle de la nation arménienne elle-même. Après l’adoption du christianisme comme religion d’État en 301, l’Église arménienne a joué un rôle central dans le développement culturel du pays. Les chants liturgiques ont été codifiés pour la première fois au Ve siècle, sous la direction de **St. Mesrop Mashtots**, l’inventeur de l’alphabet arménien. Cette codification a permis de préserver et de transmettre ces chants à travers les générations.

Au cours des siècles suivants, des figures importantes comme **St. Sahak Partev** et **St. Nerses Shnorhali** ont enrichi le répertoire liturgique arménien. Nerses Shnorhali, en particulier, a été un grand réformateur de la musique sacrée au XIIe siècle, composant de nombreux hymnes et introduisant des innovations stylistiques qui ont profondément marqué la tradition musicale arménienne.

Les chants liturgiques ont également évolué en réponse aux défis historiques auxquels l’Arménie a été confrontée, notamment les invasions étrangères et la diaspora. Les communautés arméniennes dispersées à travers le monde ont maintenu ces traditions vivantes, les adaptant parfois à de nouveaux contextes culturels tout en préservant leur essence.

Instruments

Traditionnellement, les chants liturgiques arméniens sont a cappella, c’est-à-dire chantés sans accompagnement instrumental. Cependant, dans certains contextes, des instruments peuvent être utilisés pour soutenir le chant ou pour des morceaux instrumentaux séparés. Voici quelques instruments associés à la musique arménienne :

– **Duduk** : Instrument à vent en bois, le duduk est emblématique de la musique arménienne. Sa sonorité douce et expressive est souvent utilisée pour accompagner des chants sacrés ou profanes.

– **Tar** : Une sorte de luth à long manche, utilisé dans diverses musiques du Caucase et du Moyen-Orient. Il peut parfois accompagner des chants liturgiques dans des arrangements modernes.

– **Qamancha** : Instrument à cordes frottées, semblable au violon, utilisé dans la musique traditionnelle arménienne et dans certains contextes liturgiques.

– **Zurna** : Une sorte de hautbois, la zurna est souvent utilisée dans des contextes festifs mais peut aussi accompagner des processions religieuses.

– **Dhol** : Un grand tambour à deux faces, utilisé pour marquer le rythme dans la musique traditionnelle arménienne.

Structure Musicale

Les chants liturgiques arméniens se caractérisent par une structure musicale unique qui reflète à la fois des influences orientales et occidentales. Ils utilisent souvent des **modes** musicaux distincts, appelés **makams**, qui diffèrent des gammes diatoniques occidentales. Ces modes confèrent aux chants une qualité modale et méditative, propice à la prière et à la contemplation.

Harmoniquement, les chants liturgiques arméniens sont souvent monophoniques, c’est-à-dire composés d’une seule ligne mélodique sans accompagnement harmonique. Cependant, des formes polyphoniques ont été développées au fil des siècles, notamment avec l’influence de la musique occidentale. Cela a conduit à l’introduction de chœurs et d’harmonisations plus complexes dans certaines églises.

Les mélodies des sharakans sont généralement simples mais profondes, avec des motifs répétitifs qui facilitent la participation de l’assemblée. Le rythme est souvent libre et non mesuré, ce qui permet une grande expressivité dans l’interprétation.

Danses

Bien que les chants liturgiques arméniens soient principalement destinés à des fins spirituelles et religieuses, certaines danses traditionnelles arméniennes sont souvent exécutées lors de célébrations religieuses et culturelles. Ces danses, bien qu’indépendantes des chants liturgiques eux-mêmes, partagent une connexion culturelle avec la musique sacrée.

Les danses arméniennes sont généralement en cercle, symbolisant l’unité et l’harmonie de la communauté. Les pas de danse sont souvent simples mais rythmés, et peuvent inclure des mouvements tels que des sauts, des tours et des gestes des bras. Un exemple de danse traditionnelle est le **Kochari**, une danse énergique en cercle avec des mouvements de pieds rapides et des sauts.

Exemples de Danses

1. **Kochari** :

2. **Shalakho** :

3. **Tamzara** :

Exemples Musicaux

1. **Sharakan « Aysor Anjar »** :

2. ** »Surb, Surb » par Komitas** :

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3. **Hymne de la Sainte Messe Arménienne** :

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Artistes

Komitas Vardapet

Komitas (1869-1935) est sans doute le plus célèbre musicologue et compositeur arménien. Moine et prêtre, il a recueilli et transcrit des milliers de chants populaires et liturgiques arméniens, jetant ainsi les bases de la musique classique arménienne moderne. Son travail a largement contribué à préserver la tradition musicale arménienne.

– Biographie : Né à Kütahya, dans l’Empire ottoman, Komitas est orphelin dès son jeune âge. Il entre dans le séminaire de Gevorkian à Etchmiadzin, où il développe son intérêt pour la musique. Plus tard, il étudie à Berlin et devient une figure centrale de la musique arménienne.

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Sayat-Nova

Sayat-Nova (1712-1795) était un troubadour arménien, connu pour ses chansons poétiques et philosophiques. Bien qu’il ne soit pas directement associé aux chants liturgiques, son influence sur la musique arménienne est indéniable.

– Biographie : Né à Tiflis (aujourd’hui Tbilissi, Géorgie), il a servi à la cour du roi Héraclius II de Géorgie. Sayat-Nova a écrit des chansons dans plusieurs langues, y compris l’arménien, le géorgien et l’azéri.

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Aram Khachaturian

Bien que principalement connu pour ses compositions classiques, Aram Khachaturian (1903-1978) a également contribué à la richesse de la musique arménienne en intégrant des éléments de chants traditionnels et liturgiques dans ses œuvres.

– Biographie : Né à Tiflis, Khachaturian a étudié à Moscou et est devenu l’un des compositeurs soviétiques les plus célèbres. Ses œuvres incluent des ballets, des symphonies et des concertos, souvent inspirés par le folklore arménien.

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Tigran Mansurian

Compositeur contemporain, Tigran Mansurian (né en 1939) a été influencé par la musique sacrée et traditionnelle arménienne. Son travail est un pont entre la musique classique occidentale et les traditions arméniennes.

– Biographie : Né à Beyrouth, Liban, il a déménagé en Arménie pendant son enfance. Mansurian a étudié au Conservatoire d’État d’Erevan et a composé des œuvres qui intègrent des éléments de la musique liturgique arménienne.

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Rouben Hakhverdyan

Rouben Hakhverdyan (né en 1950) est un chanteur-compositeur arménien dont le répertoire inclut des chansons inspirées par la liturgie et la tradition arménienne.

– Biographie : Né à Erevan, Hakhverdyan a étudié à l’Institut de théâtre et de cinéma d’Erevan. Sa musique est connue pour ses paroles poétiques et son style mélodique distinctif.

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Lusine Zakaryan

Lusine Zakaryan (1937-1992) était une soprano arménienne célèbre pour ses interprétations de chants liturgiques et de musique spirituelle.

– Biographie : Née à Akhaltsikhe, en Géorgie, elle a étudié au Conservatoire d’État d’Erevan. Sa voix exceptionnelle a enchanté les auditeurs lors de concerts et de services religieux.

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Les chants liturgiques arméniens, avec leur riche histoire et leur profonde signification spirituelle, continuent d’être une source d’inspiration et de fierté pour le peuple arménien, tant dans la patrie historique qu’à travers la diaspora. Ils représentent une connexion vivante avec le passé et un pilier de l’identité culturelle arménienne.

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