Amarg n Tachelhit : Une Exploration Profonde du Style Musical du Souss
Origine
Le style musical connu sous le nom d’Amarg n Tachelhit provient de la région du Souss au Maroc. Cette région, située au sud du pays, est riche en traditions culturelles amazighes, dont la musique est un pilier fondamental. Le terme « Amarg » signifie « chant » ou « poème » en Tachelhit, l’une des variantes de la langue amazighe, parlée principalement dans le sud-ouest du Maroc. Ce style musical est profondément enraciné dans la culture et l’identité des habitants du Souss, servant de moyen d’expression et de transmission des émotions et des histoires à travers les générations.
Historique
L’histoire de l’Amarg n Tachelhit remonte à plusieurs siècles, bien que sa documentation écrite soit limitée. Cette musique est transmise oralement, ce qui a permis sa préservation et son évolution au fil des générations. Historiquement, l’Amarg était chanté par des poètes itinérants appelés « raïs » qui parcouraient les villages pour partager leurs histoires et leurs réflexions sur la vie quotidienne, l’amour, la nature et les luttes sociales.
Un moment marquant dans l’évolution de l’Amarg n Tachelhit est l’émergence des premiers enregistrements au début du XXe siècle. Cela a permis à cette musique de se propager au-delà des frontières du Souss, atteignant d’autres régions du Maroc et même la diaspora amazighe à travers le monde. Parmi les figures emblématiques de cette époque figure Raïs Belghazi, dont les enregistrements ont contribué à populariser le style.
La ville de Tafraout, connue pour ses paysages pittoresques et son riche patrimoine culturel, est souvent considérée comme un centre névralgique de l’Amarg n Tachelhit. C’est ici que de nombreux artistes et poètes ont puisé leur inspiration, influençant ainsi l’évolution du genre.
Instruments
L’Amarg n Tachelhit repose sur une instrumentation caractéristique qui lui donne son son distinctif. Les instruments principaux utilisés incluent :
– **Loutar** : Un luth à trois cordes, traditionnellement fabriqué en bois et en peau d’animal. Le loutar est souvent joué par les raïs et est essentiel à l’accompagnement des chants.
– **Ribab** : Un instrument à une seule corde, joué avec un archet. Le son mélancolique du ribab est souvent associé aux chants poétiques de l’Amarg.
– **Bendir** : Un tambour sur cadre, généralement joué avec les mains. Le bendir fournit le rythme de base et est souvent utilisé dans les performances en groupe.
– **Nafir** : Une trompette en métal utilisée pour ajouter une dimension festive aux morceaux de musique.
Ces instruments sont souvent joués en ensemble, chaque instrument apportant une texture unique à la musique.
Structure Musicale
La musique d’Amarg n Tachelhit est caractérisée par sa structure mélodique simple mais expressive. Elle utilise souvent des modes pentatoniques, qui sont courants dans la musique berbère. Les mélodies sont généralement construites autour de motifs répétitifs qui servent de fondation pour l’improvisation vocale.
Les chants sont souvent monophoniques, mettant l’accent sur la voix et le texte poétique. L’harmonie est minimale, ce qui permet à la mélodie et aux paroles de prendre le devant de la scène. Le rythme est généralement libre, bien qu’il puisse être structuré autour de cycles répétitifs pour les morceaux plus festifs.
Danses
Les danses associées à l’Amarg n Tachelhit sont riches en symbolisme et en expression culturelle. Elles varient en complexité, allant des mouvements simples aux chorégraphies élaborées. Les danses sont souvent exécutées en groupe, reflétant l’esprit communautaire des célébrations amazighes.
– **Ahwach** : Une danse collective où les participants forment un cercle ou une ligne. Les mouvements des pieds sont synchronisés avec les battements du bendir, et les danseurs utilisent souvent des gestes des mains pour accentuer les paroles chantées.
– **Taskiwin** : Une danse guerrière qui inclut des mouvements de bâton et des sauts synchronisés. Elle est souvent exécutée lors de festivals et de célébrations de mariage.
Les pas de danse sont généralement simples mais précis, nécessitant une coordination entre les membres du groupe pour créer un spectacle visuellement harmonieux.
Exemples de Danses
– Ahwach à Tafraout :
– Taskiwin lors d’un festival local :
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Exemples Musicaux
L’Amarg n Tachelhit a produit de nombreuses chansons mémorables qui continuent de résonner avec les auditeurs aujourd’hui. Voici quelques exemples notables :
– Raïs Belghazi – « Tafraout Imazighen » :
– Fatima Tabaamrant – « Awal Inou » :
– Amarg Fusion – « Aslal » :
Artistes
Le monde de l’Amarg n Tachelhit a vu émerger de nombreux artistes talentueux qui ont contribué à sa richesse et à sa diversité.
– **Raïs Belghazi** : Un pionnier de l’Amarg, Belghazi est connu pour ses enregistrements qui ont popularisé le style au-delà du Souss. Ses chansons abordent des thèmes universels comme l’amour et la nostalgie.
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– **Fatima Tabaamrant** : Née dans une famille amazighe à Tafraout, elle est l’une des voix féminines les plus emblématiques de l’Amarg. Tabaamrant est également une militante pour la culture amazighe, utilisant sa musique pour promouvoir la langue et les traditions.
– **Mohamed Rouicha** : Bien qu’il soit originaire du Moyen Atlas, Rouicha a fortement influencé l’Amarg n Tachelhit par son style distinctif et son utilisation du loutar.
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– **Oussanoussa** : Un groupe moderne qui fusionne l’Amarg traditionnel avec des influences contemporaines, élargissant ainsi l’audience du genre.
– **Mohamed Demsiri** : Connu pour ses textes poétiques et sa maîtrise du loutar, Demsiri est une figure respectée dans le monde de l’Amarg.
– **Raïs Lhaj Belaid** : Surnommé le « Père de l’Amarg », Lhaj Belaid est une légende de la musique amazighe, ayant laissé un héritage durable.
Ces artistes, parmi d’autres, ont non seulement préservé la tradition de l’Amarg n Tachelhit, mais l’ont également fait évoluer pour qu’elle reste pertinente dans le contexte culturel moderne.
Conclusion
L’Amarg n Tachelhit est bien plus qu’un simple genre musical; c’est une expression vivante de l’identité et de l’histoire des Amazighs du Souss. Sa capacité à évoluer tout en restant fidèle à ses racines en fait une tradition musicale dynamique et résiliente. En célébrant les voix des artistes qui l’ont façonné et en explorant ses riches traditions, nous préservons un héritage culturel précieux pour les générations futures.