Origine

Le chant corroboree est une forme musicale traditionnelle des peuples aborigènes d’Australie. Ancré profondément dans les traditions culturelles et spirituelles des communautés autochtones, le corroboree est bien plus qu’une simple expression musicale; il est au cœur de la vie sociale et rituelle. Les corroborees sont des rassemblements communautaires où la musique, la danse, et le récit d’histoires se mêlent pour transmettre l’histoire, la culture, et les lois ancestrales.

Le mot « corroboree » lui-même vient du mot Dharug « garabara », qui signifie « réunion » ou « célébration ». Les chants corroboree varient considérablement d’une région à l’autre, chaque communauté ayant ses propres traditions et styles d’exécution. Cependant, tous partagent un objectif commun : le renforcement des liens communautaires et le passage des connaissances entre générations.

Historique

Les corroborees existent depuis des milliers d’années, bien avant l’arrivée des colons européens en Australie. Ils ont toujours joué un rôle essentiel dans la transmission des histoires du Temps du Rêve, une époque mythologique qui explique les origines du monde et de ses habitants selon les croyances aborigènes. La musique et la danse étaient les principaux outils de cette transmission orale.

Les premiers contacts avec les Européens ont eu un impact significatif sur les corroborees. Au XIXe siècle, les colons ont souvent perçu ces cérémonies comme des spectacles exotiques. Malgré cela, les corroborees ont continué à jouer un rôle central dans les sociétés aborigènes, même si beaucoup ont dû être adaptés à cause des changements sociaux et politiques imposés par la colonisation.

Des figures historiques importantes, telles que Bennelong et Pemulwuy, ont été associées à la pratique des corroborees. Bennelong, un Eora de la région de Sydney, a notamment servi de médiateur culturel entre les colons britanniques et les peuples autochtones, introduisant certains aspects de la culture aborigène, y compris les corroborees, aux Européens.

Au XXe siècle, le renouveau culturel aborigène a vu un regain d’intérêt pour les corroborees, qui sont devenus des symboles de résistance et de résilience culturelle. Aujourd’hui, ils continuent d’évoluer, intégrant parfois des éléments contemporains tout en préservant leur essence traditionnelle.

Instruments

Les instruments utilisés dans les corroborees varient selon les régions et les peuples, mais certains sont universellement reconnus:

– **Didgeridoo**: Cet instrument à vent, fait à partir de troncs d’eucalyptus évidés par les termites, est emblématique des cultures aborigènes. Le joueur souffle à travers le tube pour produire un bourdonnement profond et résonant. Le didgeridoo est principalement utilisé dans les régions du nord de l’Australie.

– **Clapsticks**: Ces instruments de percussion sont constitués de deux bâtons en bois que l’on frappe ensemble pour créer un rythme percussif. Les clapsticks accompagnent souvent le didgeridoo.

– **Boomerangs percussifs**: Dans certaines régions, les boomerangs eux-mêmes sont utilisés comme instruments de percussion, frappés ensemble pour marquer le rythme.

– **Tambours et autres percussions**: Bien qu’ils ne soient pas originaires d’Australie, certains tambours ont été intégrés dans les corroborees contemporains, influencés par les échanges culturels au fil du temps.

Structure Musicale

La structure musicale des chants corroboree est généralement modale, utilisant des échelles pentatoniques qui sont courantes dans de nombreuses traditions musicales à travers le monde. Les mélodies sont souvent répétitives, ce qui facilite la participation de la communauté et l’apprentissage des chants par les jeunes générations.

Les harmonies sont peu utilisées, la musique étant principalement monodique. Le rythme, en revanche, joue un rôle crucial, souvent marqué par les clapsticks ou les boomerangs percussifs. Le tempo peut varier en fonction de l’objectif du chant, allant de rythmes lents et solennels pour les cérémonies sacrées à des rythmes rapides et entraînants pour les danses festives.

Danses

Les danses qui accompagnent les corroborees sont tout aussi variées que les chants eux-mêmes. Chaque danse raconte une histoire spécifique, souvent liée au Temps du Rêve ou à des événements historiques importants. Les pas de danse sont généralement simples mais hautement symboliques.

– **Pas de base**: Beaucoup de danses commencent par des pas de base qui consistent en des mouvements de marche rythmique, souvent effectués en cercle.

– **Gestes symboliques**: Les danseurs utilisent leurs bras et leurs mains pour représenter des animaux, des éléments naturels ou des actions humaines. Par exemple, imiter le vol d’un oiseau ou le mouvement d’un serpent.

– **Sauts et mouvements de pieds**: Certains corroborees incluent des sauts et des mouvements de pieds rapides, symbolisant des événements dramatiques ou des transformations mythologiques.

– **Peinture corporelle et costumes**: Les danseurs portent souvent des peintures corporelles et des costumes qui accentuent leurs mouvements et ajoutent une dimension visuelle à la performance.

Exemples de danses

1. **Danse du Kangourou**: Cette danse imite les mouvements du kangourou, un animal emblématique d’Australie. Les danseurs sautent, se penchent en avant et utilisent leurs bras pour représenter les mouvements de l’animal.

2. **Danse du Serpent**: Dans cette danse, les mouvements sinueux des danseurs imitent ceux d’un serpent glissant à travers le paysage. Les danseurs forment souvent une ligne en mouvement fluide.

Exemples musicaux

1. ** »Djapana » par Yothu Yindi**: Ce groupe a popularisé la musique aborigène en intégrant des éléments traditionnels avec des styles contemporains.

2. ** »Tjapukai Corroboree » par Tjapukai Dance Theatre**: Une interprétation moderne qui conserve les éléments traditionnels du corroboree.

Artistes

– **Mandawuy Yunupingu**: Leader du groupe Yothu Yindi, il a joué un rôle crucial dans la promotion de la culture aborigène à travers la musique. Né à Yirrkala, il a été enseignant avant de se consacrer pleinement à la musique.

***video à venir***

– **Djalu Gurruwiwi**: Un maître du didgeridoo, reconnu pour sa virtuosité et sa connaissance des traditions musicales de son peuple.

***video à venir***

– **Gurrumul Yunupingu**: Connu pour sa voix unique et émotive, il a captivé le public mondial tout en chantant principalement en langue Yolŋu.

– **Archie Roach**: Chanteur et auteur-compositeur, il a utilisé sa musique pour raconter les histoires des « Générations Volées » et promouvoir la réconciliation.

***video à venir***

– **Deborah Cheetham**: Une artiste lyrique et compositrice, elle a fondé le Short Black Opera pour promouvoir les talents aborigènes dans la musique classique.

– **Emily Wurramara**: Artiste contemporaine, elle incorpore des éléments traditionnels dans sa musique pour sensibiliser aux problèmes environnementaux et culturels.

Le chant corroboree continue de jouer un rôle vital dans la préservation et la célébration de la culture et de l’identité aborigènes, tout en s’adaptant aux influences contemporaines et en s’ouvrant à un public mondial.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *