Origine

Le style musical des chants de transhumance, particulièrement présent dans la région de l’Adrar en Mauritanie, trouve ses racines dans le mode de vie nomade des peuples sahariens. La transhumance est une pratique ancestrale qui consiste à déplacer le bétail selon les saisons pour optimiser les ressources naturelles disponibles. Ce mode de vie a non seulement influencé l’économie et la structure sociale des peuples de l’Adrar, mais aussi leur expression artistique, notamment musicale.

Les chants de transhumance sont profondément enracinés dans la culture des Berbères et des Arabes qui peuplent cette région. Ils reflètent les rythmes de la vie quotidienne, les paysages désertiques, et les interactions sociales au sein des tribus. Ces chants servent à renforcer les liens communautaires, à transmettre des histoires et des traditions, et à rythmer le travail quotidien.

Historique

Historiquement, les chants de transhumance ont évolué au fil des siècles, influencés par les différentes vagues de migration et les échanges culturels dans le Sahara. Les premières traces de ces chants remontent à l’époque où les Berbères étaient les principaux habitants de la région. Avec l’arrivée des tribus arabes, notamment après la conquête musulmane du Maghreb au 7ème siècle, les traditions musicales berbères se sont mêlées aux influences arabes, créant un riche mélange de styles et de sonorités.

Au cours des siècles, la musique de transhumance a été transmise oralement, chaque génération y ajoutant ses propres nuances. Des figures historiques comme les Almoravides, qui ont uni une grande partie de l’Afrique du Nord au 11ème siècle, ont également joué un rôle dans la propagation de ces traditions musicales. De plus, les routes commerciales transsahariennes ont permis une diffusion plus large de ces chants, intégrant des influences d’autres régions de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Instruments

Les chants de transhumance utilisent une gamme variée d’instruments, chacun apportant une texture unique à la musique. Parmi les plus courants, on trouve :

1. **Tidinit** : Un luth traditionnel à quatre cordes, souvent utilisé pour accompagner les chants. Il est fabriqué en bois et possède une caisse de résonance recouverte de peau de chèvre, produisant un son chaud et résonnant.

2. **Ardin** : Une harpe traditionnelle jouée principalement par les femmes. L’ardin comporte généralement entre 9 et 15 cordes et est fabriqué à partir de matériaux locaux comme le bois et la peau. Elle est souvent utilisée pour créer des mélodies douces et envoûtantes.

3. **Imzad** : Un violon monocorde joué à l’aide d’un archet. Il est particulièrement prisé pour sa capacité à exprimer des émotions intenses et à imiter la voix humaine.

4. **Tbal** : Un tambour en terre cuite recouvert de peau, utilisé pour marquer le rythme. Le tbal est souvent utilisé lors des cérémonies et des célébrations, sa résonance puissante étant idéale pour rassembler les gens.

Structure Musicale

La structure musicale des chants de transhumance est généralement modale, utilisant des échelles pentatoniques ou heptatoniques qui sont typiques des musiques berbères et arabes. Les mélodies sont souvent répétitives, avec de légères variations qui ajoutent une richesse harmonique à l’ensemble.

Les harmonies sont principalement basées sur des intervalles de quartes et de quintes, créant une sonorité ouverte et expansive. Les chants eux-mêmes sont souvent responsoriaux, avec un soliste qui chante une phrase suivie par une réponse du chœur. Cela reflète la nature collective de la transhumance, où chaque membre de la communauté joue un rôle essentiel.

Danses

Les danses associées aux chants de transhumance sont généralement collectives et mettent en avant la coordination et l’harmonie du groupe. Les pas de danse sont souvent simples mais nécessitent une grande précision et une synchronisation parfaite entre les danseurs.

Un exemple de pas de danse couramment utilisé est le « pas de pied glissant », où les danseurs se déplacent latéralement en glissant leurs pieds sur le sol, imitant le mouvement du sable sous le vent. Ce pas est souvent accompagné de mouvements de bras qui évoquent la conduite du bétail ou le tracé des dunes.

Une autre danse typique est la « danse du cercle », où les danseurs forment un cercle et exécutent des mouvements synchronisés, symbolisant l’unité et la continuité de la communauté.

Exemples de Danses

Pour visualiser ces danses traditionnelles, voici des exemples vidéo qui illustrent la grâce et la coordination des danseurs de transhumance :

Exemples Musicaux

Les chants de transhumance sont variés et reflètent une multitude d’émotions et de récits. Voici quelques exemples musicaux qui capturent l’essence de ce style :

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Artistes

Plusieurs artistes se sont distingués dans l’interprétation et la préservation des chants de transhumance en Mauritanie. Voici quelques-uns des plus notables :

1. Dimi Mint Abba

Dimi Mint Abba est souvent surnommée la « diva du désert ». Née en 1958 à Tidjikja, elle a grandi dans une famille de griots et a commencé à chanter dès son plus jeune âge. Son répertoire inclut de nombreux chants de transhumance qu’elle a modernisés tout en respectant leur essence traditionnelle.

2. Malouma

Malouma Mint El Meidah, connue sous le nom de Malouma, est une chanteuse et militante politique mauritanienne. Née en 1960, elle a utilisé sa musique pour aborder des sujets sociaux tout en incorporant des éléments de chants de transhumance.

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3. Noura Mint Seymali

Noura Mint Seymali est une chanteuse et joueuse de ardin, héritière d’une longue lignée de griots. Elle est connue pour ses performances électrisantes qui mêlent tradition et modernité, intégrant les chants de transhumance dans un cadre contemporain.

4. Ouleya Mint Amartichitt

Ouleya Mint Amartichitt est une interprète moins connue mais tout aussi talentueuse des chants de transhumance. Elle se distingue par sa voix puissante et sa capacité à émouvoir son public.

5. Seydou Nourou

Seydou Nourou est un musicien polyvalent qui utilise le tidinit pour interpréter des chants traditionnels. Sa musique est un hommage à la culture nomade et aux anciens chants de transhumance.

6. Groupe Les Filles de Illighadad

Bien que basé au Niger, ce groupe de femmes touareg intègre des éléments de chants de transhumance dans leur musique, créant un pont entre les cultures musicales du Sahara.

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Les chants de transhumance en Mauritanie, et particulièrement dans la région de l’Adrar, sont donc bien plus qu’une simple expression musicale : ils sont le reflet d’une culture riche et complexe, ancrée dans les traditions nomades et les paysages désertiques. Leur préservation et leur évolution témoignent de la résilience et de la créativité des peuples sahariens face aux défis du temps et de l’environnement.

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