Origine
Les chants guerriers des Turkana, un peuple pastoraliste du nord-ouest du Kenya, sont une expression musicale profondément enracinée dans les traditions culturelles et historiques de cette communauté. Les Turkana vivent dans une région aride et semi-désertique, et leur mode de vie est centré autour de l’élevage de bétail, qui est non seulement leur principale source de subsistance, mais aussi un élément central de leur identité culturelle.
Ces chants guerriers trouvent leur origine dans les besoins historiques de la communauté Turkana de défendre leur territoire et leur bétail contre les raids de tribus voisines. Les chants servaient à motiver et à préparer les guerriers avant les batailles, tout en renforçant la cohésion sociale et l’identité collective. Ils sont également utilisés pour célébrer les victoires et honorer les héros locaux.
Historique
Historiquement, les Turkana ont été confrontés à de nombreux défis, notamment les conflits intertribaux fréquents avec des groupes voisins tels que les Pokot, les Samburu et les Karimojong. Ces conflits étaient souvent déclenchés par des rivalités pour les ressources naturelles limitées telles que l’eau et les pâturages. Les chants guerriers ont donc joué un rôle crucial dans la préparation mentale et émotionnelle des hommes avant qu’ils n’aillent au combat.
Les chants étaient traditionnellement interprétés lors de grandes réunions communautaires appelées « ekwar », où les aînés et les chefs de guerre partageaient des stratégies et inspiraient les jeunes combattants. Les lieux de rassemblement tels que le mont Mogila et les rives du lac Turkana étaient souvent le théâtre de ces rassemblements.
Au fil du temps, les chants guerriers ont évolué pour inclure des aspects de la vie moderne tout en préservant leurs racines traditionnelles. Dans les années 1960 et 1970, avec l’indépendance du Kenya, les chants ont commencé à intégrer des thèmes de résistance contre les influences coloniales et de fierté nationale.
Instruments
Les chants guerriers des Turkana sont principalement vocaux, mais ils sont souvent accompagnés par une variété d’instruments traditionnels qui ajoutent de la profondeur et du rythme à la musique.
– **Adungu** : Une harpe arquée avec plusieurs cordes, elle est utilisée pour fournir une base mélodique aux chants.
– **Ngikeng’ei** : Un tambour cylindrique recouvert de peau de chèvre, frappé à la main pour marquer le rythme.
– **Ekicholong** : Un sifflet en bois ou en os, souvent utilisé pour donner le signal de départ pour les danses ou pour accentuer certaines parties des chants.
– **Agwara** : Des trompettes en métal ou en bois, utilisées pour produire des sons puissants et retentissants qui imitent parfois les cris de guerre.
Structure Musicale
La structure musicale des chants guerriers Turkana est complexe et se caractérise par des modes pentatoniques, qui sont typiques des musiques africaines. Les chants sont souvent monophoniques, mais ils peuvent aussi comporter des éléments polyphoniques lorsque plusieurs voix s’entrelacent.
D’un point de vue harmonique, les chants reposent sur des intervalles de quarte et de quinte, qui créent une sonorité ouverte et puissante. Mélodiquement, les phrases sont généralement courtes et répétitives, ce qui facilite la mémorisation et la transmission orale.
Les chants sont souvent structurés en forme d’appel et de réponse, où un soliste (souvent un chef de guerre ou un aîné) entonne une phrase, suivie par une réponse collective du groupe.
Danses
Les danses associées aux chants guerriers sont tout aussi cruciales, car elles permettent de canaliser l’énergie et de renforcer l’esprit communautaire. Les pas de danse sont souvent vigoureux et imitent les mouvements de combat.
– **Ekikar** : Une danse où les participants forment un cercle et avancent en alternant des pas rapides et des mouvements de pieds en arrière, symbolisant l’attaque et la retraite.
– **Ekunia** : Cette danse implique des bonds et des sauts, symbolisant l’agilité et la bravoure des guerriers.
La chorégraphie est souvent improvisée, mais elle suit des motifs traditionnels qui sont enseignés dès le plus jeune âge dans la communauté.
Exemples de danses
Pour voir ces danses en action, voici quelques vidéos YouTube qui présentent les danses Turkana :
: une démonstration de l’Ekikar avec des explications sur les mouvements de base.
: une performance intégrant l’Ekunia dans un cadre de festival culturel.
Exemples musicaux
Les chants guerriers Turkana ont été enregistrés à diverses occasions, et certains morceaux sont disponibles en ligne :
: un enregistrement authentique d’un chant de préparation au combat.
: une interprétation moderne avec des instruments traditionnels.
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Artistes
Plusieurs artistes et groupes ont émergé pour préserver et promouvoir les chants guerriers Turkana :
– **Ekalale Lokwawi** : Connu pour ses interprétations puissantes des chants traditionnels, Ekalale est un aîné respecté qui a contribué à l’enregistrement de plusieurs albums de musique Turkana.
– **Ngikem Elema** : Un collectif de jeunes musiciens qui fusionne des éléments modernes avec des chants traditionnels pour attirer une audience plus jeune.
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– **Aiyep** : Une chanteuse et danseuse reconnue pour sa voix puissante et son dévouement à la préservation des danses Turkana.
– **Lokam** : Un groupe qui intègre des instruments modernes tels que la guitare acoustique tout en restant fidèle aux structures musicales traditionnelles.
– **Kokoi** : Un artiste solo qui se concentre sur les histoires et légendes Turkana à travers ses chansons.
– **Etuko** : Ce groupe mélange des influences de la musique contemporaine avec des chants ancestraux pour créer des performances dynamiques.
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Les chants guerriers Turkana sont bien plus qu’une forme d’expression musicale; ils sont le reflet d’une culture riche et résiliente, qui continue de prospérer malgré les défis modernes. Ces chants et les danses qui les accompagnent jouent un rôle crucial dans la transmission des valeurs et des traditions de la communauté Turkana, tout en s’adaptant aux influences contemporaines.