Origine
Le style musical Griot Mandingue trouve ses racines au cœur de l’Afrique de l’Ouest, notamment dans la région historique du Mandé, qui englobe les pays actuels du Mali, de la Guinée, du Sénégal, de la Gambie et de quelques parties de la Côte d’Ivoire. Cette musique est intrinsèquement liée à la culture des griots, qui sont des conteurs, historiens, musiciens et poètes. Les griots, également appelés « djeli » en langue mandingue, jouent un rôle crucial dans la conservation de l’histoire orale et des traditions culturelles des peuples mandingues. Ils sont considérés comme les gardiens de la mémoire collective et les médiateurs de l’identité culturelle.
Historique
L’origine du style musical Griot Mandingue remonte à l’Empire du Mali, fondé au 13ème siècle par le légendaire roi Soundiata Keïta. Cet empire, qui s’étendait sur une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, était un centre florissant de commerce, de culture et de savoir. Les griots étaient des personnages centraux à la cour royale, chargés de transmettre les récits historiques et les enseignements moraux à travers la musique et la poésie.
Un événement historique marquant est la bataille de Kirina en 1235, où Soundiata Keïta a vaincu le roi Sosso Soumaoro Kanté, un moment souvent célébré dans les épopées griotiques. Les griots ont joué un rôle essentiel en immortalisant la bravoure et la sagesse de Soundiata à travers leurs chants. Par conséquent, la musique Griot Mandingue est profondément ancrée dans les événements historiques et les figures légendaires de l’époque.
Au fil des siècles, cette tradition musicale a évolué tout en conservant son caractère distinct. Avec la colonisation et les changements politiques du 19ème et 20ème siècles, les griots ont continué à s’adapter, intégrant parfois des influences extérieures tout en préservant l’essence de leur art.
Instruments
Le style musical Griot Mandingue se caractérise par l’utilisation d’instruments spécifiques qui sont étroitement liés à la tradition griotique. Voici quelques-uns des instruments emblématiques :
1. **Kora** : La kora est un instrument à cordes de la famille des harpes-luths. Elle est composée de 21 cordes et est jouée en plaçant le manche verticalement devant soi. La caisse de résonance est faite d’une grande calebasse coupée en deux et recouverte de peau de vache. La kora produit une musique douce et mélodieuse qui accompagne souvent les récits des griots.
2. **Balafon** : Le balafon est un instrument de percussion similaire au xylophone. Il est constitué de lames en bois disposées sur une structure en bois, avec des calebasses en dessous qui servent de résonateurs. Le balafon est joué avec des mailloches et produit un son vibrant et rythmé.
3. **Djembe** : Ce tambour en forme de coupe est joué à mains nues et est largement utilisé dans la musique mandingue. Le djembe produit une gamme de sons allant des basses profondes aux aigus clairs, et il est souvent utilisé pour accompagner les danses et les chants.
4. **Ngoni** : Le ngoni est un instrument à cordes de la famille des luths, souvent considéré comme l’ancêtre du banjo. Il a une caisse de résonance en bois ou en calebasse recouverte de peau. Le ngoni est joué en pinçant les cordes avec les doigts et produit un son percutant et mélodieux.
Structure Musicale
La musique Griot Mandingue est caractérisée par des structures mélodiques et harmoniques complexes. Elle utilise souvent des modes pentatoniques, qui sont des gammes de cinq notes par octave. Ces modes confèrent à la musique une qualité envoûtante et hypnotique.
Harmoniquement, la musique repose sur des ostinatos, ou motifs répétés, qui servent de base aux improvisations des musiciens. Les mélodies sont souvent ornementées avec des trilles et des glissandos, ce qui ajoute une richesse texturale à la musique.
Rythmiquement, la musique mandingue est polyrhythmique, intégrant plusieurs motifs rythmiques simultanés qui se superposent et s’entrelacent. Cette complexité rythmique est un élément clé qui stimule la danse et l’expression corporelle.
Danses
Les danses associées à la musique Griot Mandingue sont dynamiques et expressives, reflétant les histoires et les émotions véhiculées par les griots. Les pas de danse sont souvent synchronisés avec les rythmes du djembe et du balafon. Voici quelques éléments typiques des chorégraphies :
– **Pas de base** : Les danseurs exécutent des mouvements de pieds rapides et des balancements du corps, souvent en réponse directe aux motifs rythmiques du djembe.
– **Sauts et pirouettes** : Ces mouvements ajoutent une dimension acrobatique à la danse, symbolisant la bravoure et l’agilité des personnages légendaires des épopées mandingues.
– **Gestes expressifs** : Les bras et les mains sont utilisés pour raconter des histoires, imitant des actions telles que la chasse, la guerre ou les tâches quotidiennes.
Exemples de danses
1. **Dance of the Hunters** : Cette danse célèbre les exploits des chasseurs mandingues. Elle est marquée par des mouvements de chasse symboliques et des gestes imitant les animaux.
2. **Dance of the Warriors** : Exécutée lors de cérémonies, cette danse met en scène des mouvements de combat et des démonstrations de force et d’endurance.
(Insérer ici des liens vers des vidéos YouTube de ces danses)
Exemples musicaux
1. ** »Djeli Mousso » par Toumani Diabaté** : Un morceau instrumental qui met en valeur la virtuosité de la kora.
2. ** »Kaira » par Ballaké Sissoko** : Une composition traditionnelle interprétée sur la kora, qui illustre la profondeur émotionnelle de la musique griot.
3. ** »Sunjata » par le Trio Da Kali** : Une interprétation moderne d’une épopée mandingue.
(Insérer ici des liens vers des vidéos YouTube de ces morceaux)
Artistes
1. Toumani Diabaté
Toumani Diabaté est l’un des plus célèbres joueurs de kora du Mali. Né en 1965 à Bamako dans une famille de griots, il a commencé à jouer de la kora à un jeune âge. Diabaté est connu pour ses collaborations internationales, notamment avec Taj Mahal et Ali Farka Touré. Il a contribué à populariser la kora sur la scène mondiale.
(Lien YouTube de Toumani Diabaté)
2. Ballaké Sissoko
Ballaké Sissoko, né en 1968 à Bamako, est un autre maître de la kora. Fils du grand joueur de kora Djelimady Sissoko, Ballaké a su créer un style unique qui fusionne la tradition avec des influences contemporaines. Son album « Chamber Music » avec le violoncelliste Vincent Segal a été salué pour son innovation.
(Lien YouTube de Ballaké Sissoko)
3. Kassé Mady Diabaté
Kassé Mady Diabaté (1949-2018) était un chanteur griot doté d’une voix exceptionnelle. Originaire de Kela, un village réputé pour ses griots, il a été un ambassadeur de la musique mandingue à travers le monde. Son album « Kassi Kasse » est un hommage aux racines de la musique griotique.
(Lien YouTube de Kassé Mady Diabaté)
4. Bassekou Kouyaté
Bassekou Kouyaté est un virtuose du ngoni, un instrument traditionnel qu’il a contribué à moderniser. Né à Garana, près de Ségou, il a collaboré avec des artistes comme Toumani Diabaté et Taj Mahal. Son groupe, Ngoni Ba, a révolutionné le son du ngoni.
(Lien YouTube de Bassekou Kouyaté)
5. Rokia Traoré
Rokia Traoré, née en 1974, est une chanteuse, compositrice et guitariste malienne. Bien qu’elle ne soit pas issue d’une famille de griots, elle a su s’approprier les traditions mandingues et les réinventer. Son album « Tchamantché » a reçu de nombreux éloges pour sa créativité.
(Lien YouTube de Rokia Traoré)
6. Fatoumata Diawara
Fatoumata Diawara, née en 1982, est une artiste polyvalente qui marie les sons traditionnels et modernes. Elle a commencé sa carrière en tant qu’actrice avant de se lancer dans la musique. Son album « Fatou » a été acclamé pour sa fraîcheur et son engagement social.
(Lien YouTube de Fatoumata Diawara)
En conclusion, le style musical Griot Mandingue est un élément essentiel de la culture mandingue. Il perpétue l’héritage des ancêtres tout en s’adaptant aux évolutions contemporaines. Les griots, à travers leur musique et leurs récits, continuent de jouer un rôle vital dans la transmission des traditions et des valeurs culturelles.