Origine
L’isicathamiya est un style musical a cappella qui a émergé au sein de la communauté zouloue en Afrique du Sud. Ce genre trouve ses racines dans les chants traditionnels zoulous combinés aux influences occidentales apportées par les missionnaires et les colons européens. Le terme « isicathamiya » vient du verbe zoulou « cathama », qui signifie « marcher doucement » ou « marcher furtivement », une référence à la manière dont les chanteurs se déplacent sur scène, avec une précision et une délicatesse particulières.
Historique
L’histoire de l’isicathamiya est intimement liée à celle de l’Afrique du Sud et des Zoulous. Ce style musical a commencé à se développer au début du XXe siècle, à une époque où de nombreux hommes zoulous quittaient leurs villages pour travailler dans les mines et les grandes villes sud-africaines. Dans ces environnements urbains difficiles, loin de leurs familles et de leurs terres, les travailleurs trouvaient un réconfort et une camaraderie dans la musique.
Les compétitions de chant, qui se tenaient généralement le samedi soir, étaient un moyen pour ces hommes de se retrouver et de se divertir après une semaine de travail harassant. Ces événements se déroulaient souvent dans des foyers pour travailleurs migrants, des églises ou des halls communautaires. Les groupes s’affrontaient pour la gloire, des prix en argent, ou simplement pour le plaisir de la performance.
Au fil du temps, l’isicathamiya a évolué pour intégrer des influences de la musique chrétienne occidentale, en particulier à travers les hymnes enseignés par les missionnaires. Ce mélange a donné naissance à un genre unique, caractérisé par des harmonies complexes et une structure musicale sophistiquée.
L’un des événements marquants dans l’histoire de l’isicathamiya a été l’émergence de Solomon Linda, un musicien zoulou qui a joué un rôle crucial dans la popularisation du style dans les années 1930 et 1940. Son groupe, The Evening Birds, a connu un succès retentissant avec la chanson « Mbube », qui signifie « lion » en zoulou. Cette chanson est devenue un hit international sous le nom « The Lion Sleeps Tonight », popularisée par des artistes comme The Tokens et, plus tard, dans le film « Le Roi Lion ».
Instruments
L’isicathamiya est un genre a cappella, ce qui signifie qu’il est principalement vocal et ne repose pas sur des instruments. Cependant, certaines performances peuvent inclure des percussions corporelles, telles que le frappement des mains ou des pieds, pour ajouter du rythme et de la texture à la musique. Ces éléments percussifs sont souvent subtils et intégrés de manière à ne pas détourner l’attention des harmonies vocales.
Structure Musicale
L’isicathamiya se caractérise par une structure musicale rigoureuse et harmonieuse. Les groupes vocaux sont généralement composés de quatre à dix chanteurs, chacun ayant un rôle spécifique dans l’harmonie globale. Les voix sont réparties en différentes parties : basse, baryton, ténor et parfois contre-ténor ou soprano, bien que les voix aiguës soient moins fréquentes.
Le mode utilisé dans l’isicathamiya est souvent basé sur des échelles pentatoniques ou hexatoniques, ce qui permet de créer des harmonies riches et émouvantes. Les mélodies sont généralement simples mais efficaces, avec un accent sur la répétition et la variation pour créer un effet hypnotique.
Harmoniquement, l’isicathamiya repose sur l’utilisation de tierces et de quintes parallèles, avec des mouvements de voix qui créent une texture sonore dense et enveloppante. Les chants sont souvent responsoriaux, avec un appel et une réponse entre un soliste et le chœur, ce qui ajoute une dynamique interactive à la performance.
Danses
La danse dans l’isicathamiya est aussi importante que le chant. Les mouvements sont précis et mesurés, reflétant le sens du mot « cathama ». Les danseurs se déplacent en douceur, souvent sur la pointe des pieds, ce qui donne à leurs mouvements une apparence furtive et élégante.
Les pas de danse incluent des mouvements synchronisés des pieds et des mains, avec des gestes qui accentuent les paroles de la chanson. Les chorégraphies sont généralement simples mais exécutées avec une grande précision. Les danseurs peuvent former des lignes, des cercles ou des formations en V, en fonction de la dynamique de la chanson.
Exemples de danses
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Exemples musicaux
L’isicathamiya a produit de nombreuses chansons mémorables, à la fois traditionnelles et modernes. Voici quelques-unes des œuvres les plus emblématiques du genre :
Artistes
Ladysmith Black Mambazo
Ladysmith Black Mambazo est sans doute le groupe d’isicathamiya le plus célèbre au monde. Fondé par Joseph Shabalala en 1960, le groupe a acquis une renommée internationale grâce à ses harmonies impeccables et ses performances captivantes. Leur collaboration avec Paul Simon sur l’album « Graceland » a propulsé l’isicathamiya sur la scène mondiale et a ouvert la voie à de nombreuses tournées internationales.
Solomon Linda
Solomon Linda est un pionnier de l’isicathamiya, connu pour avoir composé « Mbube », une chanson qui a eu un impact durable sur la musique mondiale. Né en 1909 dans le district de Msinga au KwaZulu-Natal, Linda a déménagé à Johannesburg pour travailler et a formé The Evening Birds. Son style innovant et sa voix puissante ont laissé une empreinte indélébile sur le genre.
The Mahotella Queens
Les Mahotella Queens sont un groupe féminin qui a révolutionné l’isicathamiya en y intégrant des éléments de mbaqanga, un autre style musical sud-africain. Formé dans les années 1960, le groupe est connu pour ses harmonies vibrantes et ses performances énergiques. Leur longévité et leur capacité à se réinventer ont fait d’elles des icônes de la musique sud-africaine.
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Amadodana Ase Wesile
Bien que moins connu à l’international, Amadodana Ase Wesile est un groupe respecté dans le monde de l’isicathamiya. Composé de membres de l’église méthodiste wesleyenne, le groupe combine des chants religieux avec des harmonies traditionnelles, créant un son unique et spirituel.
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The King Star Brothers
The King Star Brothers sont un autre groupe influent dans le domaine de l’isicathamiya. Basé à Durban, ce groupe a contribué à populariser le style dans les années 1980 et 1990. Leur musique est caractérisée par des harmonies riches et des performances dynamiques.
Black Umfolosi
Originaire du Zimbabwe, Black Umfolosi a réussi à intégrer l’isicathamiya dans leur répertoire, démontrant l’universalité et l’attrait du style au-delà des frontières sud-africaines. Connus pour leurs performances théâtrales et leurs danses synchronisées, ils ont conquis un public international.
L’isicathamiya continue d’évoluer et de prospérer dans le paysage musical mondial, grâce à des artistes qui préservent et réinventent ce style unique. Sa capacité à toucher les cœurs et à rassembler les gens au-delà des différences culturelles témoigne de sa puissance et de sa pertinence durables.