Origine
Le terme « klezmer » dérive des mots hébreux « kli » (instrument) et « zemer » (chanson), et désigne à l’origine les musiciens eux-mêmes, plutôt que le style de musique. La musique klezmer est profondément enracinée dans la vie juive ashkénaze d’Europe de l’Est, notamment dans les communautés de Pologne, Lituanie, Russie, Ukraine et Roumanie. Elle est intimement liée aux traditions et rituels juifs, jouée lors de mariages, fêtes religieuses et autres célébrations communautaires.
Historique
La musique klezmer trouve ses racines au Moyen Âge, mais c’est aux XVIIIe et XIXe siècles qu’elle commence à se structurer et à se répandre dans les communautés juives d’Europe de l’Est. Les klezmorim (musiciens klezmer) étaient souvent itinérants, voyageant de shtetl en shtetl pour jouer lors d’événements familiaux et communautaires. Cela leur a permis de s’imprégner de nombreuses influences musicales locales, y compris les musiques tsiganes, slaves, et ottomanes.
L’un des premiers centres de la musique klezmer était la ville de Lviv, aujourd’hui en Ukraine, qui était un carrefour culturel important. Des villes comme Odessa, Vilnius et Varsovie ont également joué un rôle clé dans le développement de ce style musical. À cette époque, des familles juives célèbres telles que les Epstein et les Brandwein ont contribué à la diffusion et à l’évolution de la musique klezmer.
La musique klezmer a subi un coup dur avec les persécutions des Juifs en Europe de l’Est, culminant avec l’Holocauste, qui a décimé de nombreuses communautés où la musique klezmer prospérait. Cependant, l’émigration massive vers les États-Unis au début du XXe siècle a permis à cette musique de survivre et de se transformer. À New York, la musique klezmer a intégré des éléments de jazz et de musique populaire américaine, s’adaptant à un nouveau public.
Instruments
Les instruments du klezmer reflètent sa diversité et son adaptation à différents contextes culturels. Les principaux instruments utilisés incluent :
– **Clarinette** : Introduite au XIXe siècle, elle est devenue emblématique du son klezmer, capable d’imiter la voix humaine avec des glissandos et des trilles expressifs.
– **Violon** : Un instrument traditionnel, souvent utilisé pour sa capacité à exprimer une large gamme d’émotions, des mélodies plaintives aux danses enjouées.
– **Trompette et trombone** : Influencés par le jazz, ces cuivres ont été intégrés dans les orchestres klezmer modernes.
– **Tsimbl** : Une sorte de cymbalum ou dulcimer à marteaux, utilisé pour sa capacité à fournir un accompagnement rythmique et harmonique.
– **Accordéon** : Introduit plus tard, il a ajouté une dimension harmonique et rythmique au répertoire klezmer.
– **Contrebasse** : Fournit la base rythmique et harmonique de l’ensemble.
Structure Musicale
La musique klezmer est caractérisée par l’utilisation de modes spécifiques, appelés « Moderne » ou « Freygish », qui sont similaires au mode phrygien dominant. Ces modes comportent souvent des intervalles inhabituels qui créent une tension musicale distinctive. Les mélodies klezmer sont souvent construites autour de motifs répétitifs et de variations, avec une forte utilisation de l’ornementation, y compris des trilles, des glissandos, et des acciaccatures.
Les rythmes klezmer sont généralement vifs et entraînants, adaptés à la danse, mais peuvent aussi être lents et expressifs, comme dans les doinas, des pièces improvisées proches du chant libre.
Danses
La danse est indissociable de la musique klezmer, avec des styles variés adaptés à différentes occasions. Les pas et chorégraphies associées sont souvent enjoués et communautaires, favorisant l’inclusion et la célébration collective.
– **Freylekhs** : Une danse en cercle où les participants se tiennent par la main, effectuant des pas simples et répétitifs. Les danseurs avancent généralement en cercle, ajoutant des variations comme des sauts ou des tours.
– **Sher** : Ressemblant aux quadrilles, cette danse se pratique en groupes de quatre couples, avec des figures chorégraphiées et des changements de partenaires.
– **Bulgar** : Une danse d’origine bulgare, intégrée au répertoire klezmer avec des pas rapides et des mouvements vigoureux.
– **Hora** : Courant dans les mariages, elle implique des mouvements circulaires et des sauts, symbolisant la joie et l’unité.
Exemples de Danses
1. **Freylekhs** :
2. **Sher** :
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3. **Bulgar** :
4. **Hora** :
Exemples Musicaux
1. ** »Hava Nagila »** interprété par Giora Feidman :
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2. ** »Doyna »** par Naftule Brandwein :
3. ** »Yiddish Dance »** par Itzhak Perlman :
4. ** »A Glezele Vayn »** par The Klezmatics :
5. ** »Bessaraber Khosid »** par Abe Schwartz :
Artistes
Giora Feidman
Clarinettiste israélien, Giora Feidman est une figure emblématique de la musique klezmer moderne. Né en 1936 en Argentine, il a popularisé le klezmer à travers le monde avec son style expressif et émotionnel.
Naftule Brandwein
L’un des pionniers de la clarinette klezmer, Naftule Brandwein, né en 1884 en Galicie, a immigré aux États-Unis où il a enregistré de nombreux morceaux influents dans les années 1920.
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Itzhak Perlman
Violoniste de renom, Itzhak Perlman a contribué à faire connaître le klezmer au grand public grâce à ses interprétations virtuoses et son engagement pour préserver cette tradition musicale.
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The Klezmatics
Groupe klezmer formé à New York en 1986, The Klezmatics sont connus pour leur approche innovante, intégrant des éléments de musique folk, rock et jazz dans leurs compositions.
Abe Schwartz
Compositeur et chef d’orchestre, Abe Schwartz a joué un rôle crucial dans la diffusion de la musique klezmer aux États-Unis dans les années 1920 et 1930. Son orchestre a enregistré de nombreux morceaux devenus des classiques du genre.
Andy Statman
Clarinettiste et mandoliniste américain, Andy Statman a exploré les intersections entre le klezmer, le bluegrass et le jazz, enrichissant ainsi le répertoire klezmer moderne.
La musique klezmer continue d’évoluer, portée par des artistes dévoués qui s’efforcent de préserver la richesse de ses traditions tout en l’ouvrant à de nouvelles influences. Sa capacité à émouvoir et à rassembler témoigne de sa vitalité et de son importance culturelle dans le monde contemporain.