Origine
La pizzica est un style musical et chorégraphique traditionnel issu de la région des Pouilles, dans le sud de l’Italie. Apparentée à la tarantella, elle possède néanmoins ses propres codes, sa structure rythmique et un fort ancrage dans les pratiques culturelles du Salento. À l’origine, elle s’inscrit dans le cadre du tarantisme, une pratique rituelle de guérison au cours de laquelle les “tarantolati” (personnes prétendument mordues par une araignée) dansaient frénétiquement au son des tambourins…
Historique
La pizzica s’est d’abord transmise oralement dans les campagnes du Salento et à travers les générations. Elle était traditionnellement jouée lors de fêtes familiales, mariages, moissons et fêtes religieuses, comme celle de San Paolo. Aux XIXe et XXe siècles, elle commence à être documentée par les ethnomusicologues, dont Ernesto De Martino et Diego Carpitella, qui observent le lien entre cette danse et les pratiques thérapeutiques ou mystiques associées au tarantisme.
Avec la disparition progressive de ces rituels, la pizzica a failli sombrer dans l’oubli. Mais à partir des années 1970 et surtout 1990, de nombreux groupes traditionnels et folk ont œuvré pour sa renaissance. Des festivals comme « La Notte della Taranta », qui attire des centaines de milliers de spectateurs, ont redonné à la pizzica une notoriété nationale et internationale. Elle est aujourd’hui un symbole de la culture salentine.
Instruments
Les instruments traditionnels de la pizzica incluent :
– Le tamburello (grand tambourin avec cymbalettes)
– La chitarra battente (guitare typique du sud de l’Italie)
– Le violon
– La zampogna (cornemuse méridionale)
– La fisarmonica (accordéon)
– La voix, très présente et portée par des techniques chantées anciennes
Structure musicale
La pizzica repose sur un rythme binaire rapide, généralement en 6/8, avec une pulsation vive et continue assurée par le tamburello. Les phrases mélodiques sont souvent courtes, cycliques et répétitives, favorisant la transe et la danse. L’harmonie reste simple, mais le chant, souvent modal, porte une émotion brute. On retrouve des cadences suspendues et des alternances entre chant et réponse, typiques de la tradition orale.
Pas et chorégraphie :
La pizzica peut se danser en couple ou en solo, parfois en ronde. Dans sa forme rituelle, elle accompagnait des femmes « possédées » dans des danses frénétiques. Dans sa version festive, elle se danse souvent en duel symbolique, avec de rapides jeux de jambes, des pas légers, des rotations du buste et des échanges mimés entre les partenaires. Les bras peuvent imiter la morsure, la provocation ou la séduction. Un mouchoir rouge est parfois utilisé pour symboliser le lien entre les danseurs.
Exemples de danse
Œuvres emblématiques
– « Lu rusciu te lu mare » – Rosapaeda
– « Don Pizzica » – Officina Zoé
– « Pizzicarella mia » – Canzoniere Grecanico Salentino
Exemples musicaux
Rosapaeda – Lu rusciu te lu mare
Officina Zoé – Don Pizzica
Artistes
– **Rosapaeda** : Figure emblématique de la musique du sud de l’Italie, Rosapaeda (Rosa Paeda) est une chanteuse et chercheuse qui a largement contribué à la redécouverte des traditions vocales salentines. Avec son timbre puissant et émotionnel, elle a modernisé la pizzica tout en respectant ses racines.
– **Officina Zoé** : Groupe fondé dans les années 1990 à Lecce, il est considéré comme l’un des pionniers du renouveau de la pizzica. Leurs performances mêlent percussions traditionnelles, chants rituels et mises en scène évocatrices. Ils ont participé à de nombreux festivals internationaux.
– **Canzoniere Grecanico Salentino** : Ce collectif a été l’un des tout premiers à réinterpréter la pizzica dans un langage contemporain. Formé en 1975, il reste l’un des groupes les plus influents de la scène folk méditerranéenne.
🔑 Mots-clés :
pizzica, salento, pouilles, musique traditionnelle italienne, tamburello, danse populaire, tarantisme, officina zoé, rosapaeda, musique folklorique