# Son Jarocho : Une exploration détaillée
Origine
Le Son Jarocho est un style musical vibrant et vivant originaire de l’État de Veracruz, situé sur la côte du Golfe du Mexique. Ses racines plongent profondément dans l’histoire coloniale de la région, se nourrissant d’un mélange riche et complexe de cultures indigènes, africaines et espagnoles. Ce genre musical est souvent décrit comme le cœur battant de la culture veracruzienne, incarnant l’esprit communautaire et l’identité régionale.
Le terme « Son Jarocho » trouve son origine dans le mot « jarocho », qui est une référence familière aux habitants de Veracruz. Ce style musical est intimement lié au « fandango », une célébration communautaire où la musique, la danse et la poésie s’entremêlent pour créer une expérience artistique collective. Le Son Jarocho a évolué au fil des siècles, influencé par les dynamiques sociales, économiques et politiques, tout en préservant ses racines traditionnelles.
Historique
Le développement du Son Jarocho remonte à l’époque coloniale du Mexique, lorsque Veracruz était un carrefour commercial crucial reliant l’Espagne et le Nouveau Monde. Cette situation géographique stratégique a permis un échange culturel intense, où les traditions musicales africaines, espagnoles et indigènes se sont entrelacées pour former le Son Jarocho.
Les influences africaines
Les esclaves africains amenés à Veracruz ont joué un rôle crucial dans le développement du Son Jarocho. Leurs rythmes puissants et leurs percussions ont introduit une dimension rythmique vigoureuse qui distingue ce style musical. Les instruments tels que la quijada (mâchoire d’âne utilisée comme instrument de percussion) et certaines techniques rythmiques sont des héritages directs de cette influence africaine.
Les influences espagnoles
Les colons espagnols ont apporté avec eux des instruments à cordes tels que la guitare et la harpe, qui ont été adaptés et transformés par les musiciens locaux pour créer le son distinct du Jarocho. Les traditions poétiques espagnoles, comme le « romance » et le « decima », ont également influencé fortement les formes poétiques du Son Jarocho.
Les influences indigènes
Les cultures indigènes de Veracruz ont contribué à façonner le Son Jarocho par leurs traditions musicales et leurs instruments tels que le « huehuetl » (tambour indigène) et le « teponaztli » (tambour à fente). Les mélodies et les thèmes poétiques reflètent souvent la cosmovision et les expériences des peuples autochtones.
Évolution et résurgence
Dans les années 20 et 30, le Son Jarocho a commencé à gagner une reconnaissance nationale, en partie grâce à des groupes musicaux qui ont voyagé à travers le Mexique, popularisant des chansons comme « La Bamba ». Cependant, avec l’urbanisation croissante et l’influence des médias de masse, le Son Jarocho a connu une période de déclin.
Ce n’est que dans les années 70, avec le mouvement de la Nueva Canción et un intérêt renouvelé pour les traditions culturelles locales, que le Son Jarocho a connu une résurgence. Des festivals et des ateliers ont été organisés pour revitaliser cet art, conduisant à un regain d’intérêt parmi les jeunes générations.
Instruments
Le Son Jarocho est caractérisé par une variété d’instruments uniques qui contribuent à son son distinctif. Voici une description des principaux instruments utilisés dans ce style musical :
La Jarana
La jarana est un instrument à cordes de la famille des guitares, généralement fabriquée en bois de cèdre, de cyprès ou de palosanto. Elle possède de 8 à 10 cordes, réparties en cinq chœurs. La jarana vient en plusieurs tailles, allant de la jarana tercera, plus petite, à la jarana primera, plus grande. Elle joue un rôle rythmique, accompagnant la danse et le chant.
Le Requinto Jarocho
Le requinto jarocho est une petite guitare à 4 ou 5 cordes, utilisée pour jouer des lignes mélodiques et des solos. Il est joué avec un plectre ou avec les doigts, souvent en frappant les cordes pour créer un son percussif. Le requinto est essentiel pour définir la mélodie dans un groupe de Son Jarocho.
La Leona
La leona est une grande guitare basse, similaire à une contrebasse, qui fournit les notes basses et le fondement harmonique de l’ensemble. Elle est généralement jouée avec un plectre en bois.
Le Pandero
Le pandero est un tambourin utilisé pour ajouter des accents rythmiques. Il est souvent orné de symboles et de motifs traditionnels, et joue un rôle clé dans les performances de Son Jarocho.
La Quijada
La quijada est un instrument de percussion fabriqué à partir de la mâchoire d’un âne ou d’un cheval. Lorsqu’on gratte ses dents avec un bâton, elle produit un son distinctif de cliquetis.
Structure Musicale
Le Son Jarocho a une structure musicale unique qui le distingue des autres genres musicaux traditionnels mexicains. Voici quelques-unes des caractéristiques musicales clés :
Modes Musicaux
Le Son Jarocho utilise souvent des modes musicaux basés sur les gammes diatoniques et modales. Les modes mixolydien et dorien sont couramment employés, ajoutant une couleur distincte aux compositions.
Harmonie
L’harmonie dans le Son Jarocho est généralement simple mais efficace. Les progressions d’accords typiques incluent des mouvements entre les accords I, IV et V. Les musiciens utilisent souvent des accords enrichis pour ajouter de la couleur et de la tension.
Mélodie
Les mélodies de Son Jarocho sont souvent ornementées et improvisées, avec des lignes mélodiques fluides qui suivent les textes poétiques. Les mélodies sont souvent répétitives, créant un effet hypnotique qui invite à la danse.
Rythme
Le rythme est une composante essentielle du Son Jarocho. Il est souvent en 6/8, avec des syncopes et des accents qui ajoutent de l’énergie et du dynamisme. Les percussions jouent un rôle clé dans la structure rythmique, avec le pandero et la quijada ajoutant des textures uniques.
Danses
Le Son Jarocho est indissociable de la danse, qui est une expression physique de la musique et de la culture. Les danses associées au Son Jarocho sont généralement exécutées en groupe lors des fandangos, des fêtes communautaires où tout le monde est invité à participer.
Pas de danse
Les pas de danse du Son Jarocho sont vifs et entraînants. Les danseurs utilisent souvent des talons pour frapper le sol, ajoutant une dimension percussive à la musique. Voici quelques pas typiques :
– **Zapateado** : Un style de danse percussif où les danseurs frappent le sol avec leurs talons et la plante des pieds, créant des motifs rythmiques complexes.
– **Floreo** : Des mouvements de bras gracieux qui accompagnent le rythme, souvent en synchronisation avec les mouvements de pieds.
– **Desplante** : Un mouvement où le danseur avance et recule rapidement, ajoutant de la dynamique à la performance.
Chorégraphies associées
Les chorégraphies de Son Jarocho sont souvent improvisées, mais certaines danses traditionnelles ont des structures établies. Les danseurs expérimentés peuvent créer des variations et des improvisations sur place, ajoutant une touche personnelle à chaque performance.
Exemples de danses
Le Son Jarocho est souvent accompagné de performances de danse qui mettent en valeur l’énergie et la vivacité de ce style musical. Voici quelques vidéos de danses traditionnelles de Son Jarocho :
« La Bamba »
« El Cascabel »
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Exemples musicaux
Le répertoire du Son Jarocho est vaste et varié, allant de chansons très connues à des compositions moins célèbres mais tout aussi riches en contenu culturel.
« La Bamba »
« El Cascabel »
« La Bruja »
« El Balajú »
***video à venir***
« El Colás »
Artistes
Le Son Jarocho a été porté par de nombreux artistes talentueux qui ont contribué à sa préservation et à sa popularisation. Voici quelques artistes majeurs et moins connus du Son Jarocho, accompagnés de leur biographie et d’une vidéo YouTube de leur travail.
1. Mono Blanco
Mono Blanco est l’un des groupes les plus influents du Son Jarocho moderne. Fondé par Gilberto Gutiérrez Silva à la fin des années 1970, le groupe a joué un rôle clé dans la renaissance du Son Jarocho. Leur musique est un mélange de tradition et d’innovation, préservant les racines tout en explorant de nouvelles directions.
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2. Son de Madera
Son de Madera est un groupe emblématique de Son Jarocho qui a été formé dans les années 1990. Connu pour ses interprétations authentiques et ses compositions originales, le groupe a contribué à la popularisation du Son Jarocho à l’échelle internationale.
3. Los Cojolites
Los Cojolites est un groupe de Son Jarocho contemporain qui a été formé en 1995 à Jáltipan, Veracruz. Leur musique est un hommage aux traditions anciennes tout en incorporant des éléments modernes. Ils ont été nominés pour un Grammy Award pour leur album « Sembrando Flores ».
4. Tlen Huicani
Tlen Huicani, fondé en 1973, est un groupe de musique folklorique basé à Xalapa, Veracruz. Bien que leur répertoire s’étende au-delà du Son Jarocho, ils sont connus pour leurs interprétations captivantes de ce style.
5. Grupo Chuchumbé
Grupo Chuchumbé est un ensemble de Son Jarocho qui cherche à préserver et à revitaliser les traditions musicales de Veracruz. Leur musique est enracinée dans les traditions tout en explorant de nouvelles avenues créatives.
6. Andrés Vega Delfín
Andrés Vega Delfín est un musicien et compositeur de Son Jarocho renommé, connu pour son expertise du requinto jarocho. Son travail est une célébration de la tradition musicale de Veracruz et une contribution précieuse à la préservation du Son Jarocho.
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Conclusion
Le Son Jarocho est bien plus qu’un simple style musical ; c’est une expression vivante de la culture et de l’histoire de Veracruz. À travers ses mélodies entraînantes, ses rythmes percutants et ses danses envoûtantes, le Son Jarocho continue de captiver et d’inspirer les générations. Que ce soit lors d’un fandango communautaire ou sur les scènes internationales, le Son Jarocho reste un symbole puissant de l’identité et de la résilience culturelles.