Origine

Le Stambeli est une musique traditionnelle tunisienne qui trouve ses racines dans les rituels de guérison des populations subsahariennes, principalement celles amenées en Tunisie durant la traite transsaharienne. Ce style musical est profondément lié aux communautés noires de Tunisie, qui ont su préserver et adapter leurs traditions culturelles et spirituelles malgré les épreuves de l’esclavage et de l’assimilation. Le Stambeli est ainsi un témoignage vivant de la riche histoire multiculturelle de la Tunisie, symbolisant la résilience et la capacité d’adaptation des traditions africaines en terre maghrébine.

Historique

L’histoire du Stambeli commence avec l’arrivée des premières communautés subsahariennes en Tunisie, remontant à plusieurs siècles. Ces communautés, souvent réduites en esclavage, ont apporté avec elles leurs croyances animistes et leurs rituels de guérison, qui se sont progressivement intégrés au tissu culturel tunisien. Le Stambeli, en tant que pratique musicale et spirituelle, était utilisé pour invoquer les esprits appelés « jnoun » dans le but de guérir les maux physiques et spirituels.

La ville de Tunis, avec son quartier historique de la Médina, a été un centre névralgique pour le développement du Stambeli. Les « zaouïas », lieux de culte et de rassemblement, ont joué un rôle clé dans la préservation et la transmission de cette tradition. Parmi les zaouïas les plus célèbres, on retrouve celle de Sidi Saad, située à la médina de Tunis, qui est un lieu emblématique pour les pratiquants du Stambeli.

Au fil du temps, le Stambeli a subi diverses influences culturelles, notamment berbères et arabes, enrichissant ainsi sa palette musicale et rituelle. Malgré les périodes de répression et de marginalisation, notamment durant la colonisation française, le Stambeli a su s’adapter et survivre, devenant un symbole de l’identité afro-tunisienne.

Instruments

Le Stambeli se distingue par l’utilisation de plusieurs instruments traditionnels qui lui confèrent son caractère unique :

1. **Gumbri** : Cet instrument à cordes est essentiel dans le Stambeli. Il ressemble à un luth et est fabriqué à partir de bois et de peau de chameau. Le gumbri est principalement utilisé pour produire des lignes de basse profondes et hypnotiques qui servent de fondation rythmique et mélodique.

2. **Chkachek** : Ce sont des sortes de castagnettes métalliques qui ajoutent une dimension rythmique et percussive au Stambeli. Leur son distinctif et répétitif s’intègre parfaitement dans les structures musicales pour accentuer le rythme.

3. **Tbel** : Un grand tambour en forme de tonneau, joué à l’aide de baguettes. Il produit des sons graves et puissants qui ponctuent les différentes phases du rituel.

Ces instruments sont souvent accompagnés de chants et de récitations en langue arabe ou dans des dialectes subsahariens, ajoutant une couche de profondeur culturelle et émotionnelle à la musique.

Structure Musicale

La structure musicale du Stambeli est basée sur des modes mélodiques traditionnels, souvent pentatoniques, reflétant les influences subsahariennes. Les chants sont généralement responsoriaux, impliquant un dialogue entre un soliste et le chœur. Les motifs mélodiques sont répétitifs, créant un effet de transe propice aux rituels de guérison.

Harmoniquement, le Stambeli repose sur des drones continus fournis par le gumbri, autour desquels les autres éléments musicaux s’articulent. La musique évolue en cycles, chaque cycle correspondant à une invocation ou une phase particulière du rituel.

Danses

Les danses du Stambeli sont indissociables de la musique et des rituels. Elles sont souvent improvisées, mais suivent des schémas traditionnels qui varient selon les esprits invoqués. Les danseurs, souvent en transe, effectuent des mouvements circulaires et des balancements rythmés, symbolisant l’entrée en communication avec le monde des esprits.

Exemples de Danses

Une danse typique du Stambeli pourrait être observée ici :

Exemples musicaux

Parmi les morceaux emblématiques du Stambeli, citons « Sidi Marzug », une invocation connue et respectée, interprétée par divers groupes traditionnels. Une interprétation de ce morceau peut être vue ici :

Artistes

Maâlem Mahmoud Bgageg

Maâlem Mahmoud Bgageg est l’un des plus célèbres musiciens de Stambeli en Tunisie. Né dans une famille de musiciens, il a joué un rôle essentiel dans la préservation et la diffusion de cette tradition. Son style est caractérisé par une maîtrise exceptionnelle du gumbri et une voix envoûtante.

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Maâlem Tahar Gharsa

Tahar Gharsa est un autre grand nom du Stambeli, connu pour ses efforts pour moderniser et adapter le Stambeli tout en respectant ses racines. Il a collaboré avec divers artistes internationaux pour faire connaître le Stambeli au-delà des frontières tunisiennes.

Maâlem Hassen Zargouni

Hassen Zargouni a consacré sa vie à l’enseignement du Stambeli et à la formation de nouvelles générations de musiciens. Sa passion pour cette musique se reflète dans ses interprétations puissantes et émouvantes.

Maâlem Mahmoud Guinia

Bien qu’il soit originaire de Marrakech, Mahmoud Guinia a eu une influence notable sur le Stambeli en Tunisie, notamment par ses collaborations avec des musiciens tunisiens. Son style distinctif a enrichi la musique Stambeli de nouvelles sonorités.

Maâlem Sassi Boudabous

Sassi Boudabous est connu pour sa capacité à fusionner le Stambeli avec d’autres genres musicaux, créant ainsi des ponts entre différentes traditions culturelles. Sa créativité et son ouverture d’esprit ont contribué à faire évoluer le Stambeli.

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Maâlem Mohamed Kouyou

Mohamed Kouyou a été un fervent défenseur du Stambeli en tant que patrimoine culturel immatériel et a œuvré pour sa reconnaissance au niveau national et international. Son engagement envers cette musique est palpable dans chacune de ses performances.

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En conclusion, le Stambeli est bien plus qu’un simple genre musical ; c’est une expression profonde de l’identité afro-tunisienne, un pont entre les cultures, et un témoignage de la résilience des traditions culturelles face à l’adversité. Sa musique et ses danses continuent d’inspirer et de rassembler des communautés autour de valeurs communes de guérison et de spiritualité.

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