Origine

Le Taarab est un genre musical qui trouve ses racines à Zanzibar, une île de l’archipel tanzanien, bien que son influence se soit largement étendue à l’ensemble de l’Afrique de l’Est. Le mot « taarab » provient de l’arabe « طرب » qui signifie « joie » ou « plaisir », ce qui reflète bien sa nature festive et entraînante. Ce style musical est le résultat d’un fascinant mélange culturel, fruit des interactions entre les diverses civilisations qui ont commercé et cohabité dans cette région.

Historique

Le Taarab a émergé à la fin du XIXe siècle, principalement sous l’influence du sultan Barghash bin Said de Zanzibar. Ce dernier, grand amateur de musique, a envoyé un musicien local, Mohammed Ibrahim, également connu sous le nom de Mzee Mwinyi, en Égypte pour étudier la musique arabe. À son retour, il a contribué à la création du premier ensemble de Taarab, en intégrant des éléments musicaux arabes aux sonorités natives de Zanzibar, créant ainsi un nouveau genre musical.

Au fil des ans, le Taarab s’est enrichi de diverses influences, notamment indiennes, persanes, africaines et même occidentales, résultant en une symbiose musicale unique. Les premiers enregistrements de Taarab ont été réalisés dans les années 1920, contribuant à sa popularisation au-delà de Zanzibar. Dans les années 1950 et 1960, le Taarab a connu un essor particulier grâce à des groupes emblématiques comme l’Ikhwani Safaa Musical Club, fondé en 1905, et Culture Musical Club, qui ont joué un rôle crucial dans sa diffusion à travers l’Afrique de l’Est.

Instruments

Le Taarab se distingue par l’utilisation d’une variété d’instruments qui témoignent de ses influences multiculturelles :

– **Qanun** : Cet instrument à cordes pincées, originaire du Moyen-Orient, est essentiel dans le Taarab. Il possède une forme trapézoïdale et est joué en pinçant les cordes avec des onglets fixés aux doigts.

– **Oud** : Un autre instrument à cordes pincées, le oud est souvent considéré comme l’ancêtre du luth européen. Il offre une sonorité chaude et profonde, idéale pour accompagner les mélodies du Taarab.

– **Violons** : Les violons, parfois joués en section, ajoutent une touche d’harmonie occidentale et sont souvent utilisés pour créer des passages mélodiques riches et expressifs.

– **Accordéon** : Introduit plus tard dans le Taarab, l’accordéon contribue à la texture harmonique et rythmique du genre.

– **Ngoma** : Ces tambours africains traditionnels apportent le rythme percussif essentiel au Taarab, soulignant le tempo et ajoutant une dimension dansante.

– **Riq** : Un tambourin arabe avec des cymbalettes, utilisé pour ajouter des sons percussifs scintillants.

Structure Musicale

Le Taarab est caractérisé par une structure musicale complexe qui intègre des éléments modaux et harmoniques uniques. Les compositions sont souvent basées sur des maqams, qui sont des systèmes de modes mélodiques issus de la tradition musicale arabe. Chaque maqam possède son propre caractère émotionnel et est choisi en fonction du message ou du sentiment que l’on souhaite exprimer.

Les arrangements de Taarab sont généralement très orchestrés, avec des introductions instrumentales élaborées, suivies de sections vocales où le chant occupe une place centrale. Les paroles, souvent poétiques et métaphoriques, abordent des thèmes variés allant de l’amour à la satire sociale.

Harmoniquement, le Taarab utilise des progressions d’accords qui peuvent sembler exotiques à l’oreille occidentale, intégrant des demi-tons et des micro-intervalles typiques de la musique arabe. Les mélodies sont souvent ornementées, avec des trilles et des glissandos qui ajoutent à leur expressivité.

Danses

Le Taarab, bien qu’avant tout un genre musical, s’accompagne souvent de danses. Les pas de danse associés au Taarab sont généralement gracieux et fluides, reflétant la nature mélodieuse et douce de la musique.

Les mouvements de danse incluent souvent des balancements de hanches, des ondulations des bras et des pas glissés. Les danseurs peuvent également utiliser des accessoires tels que des voiles ou des foulards pour accentuer la fluidité des mouvements.

Exemples de danses

Un exemple classique de danse sur du Taarab est la danse de groupe réalisée lors de mariages et de fêtes. Les danseurs se déplacent en cercle, effectuant des mouvements synchronisés en réponse aux rythmes et aux mélodies.

Exemples musicaux

Le Taarab a donné naissance à de nombreuses chansons célèbres qui continuent d’enchanter les auditeurs :

1. ** »Sikujua » par Bi Kidude** : Une chanson classique qui illustre parfaitement l’émotion et la profondeur du Taarab.

2. ** »Mwanameka » par Culture Musical Club** : Un exemple de la richesse orchestrale du Taarab moderne.

3. ** »Ya Laiti » par Ikhwani Safaa Musical Club** : Une pièce qui montre l’influence arabe au sein du Taarab.

Artistes

Artistes majeurs

– **Bi Kidude** : Souvent considérée comme la « grande dame » du Taarab, Bi Kidude a été une figure emblématique et une chanteuse influente. Elle a commencé sa carrière dans les années 1920 et a continué à se produire jusqu’à sa mort en 2013. Bi Kidude était connue pour sa voix puissante et sa capacité à transmettre des émotions profondes à travers ses performances.

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– **Siti binti Saad** : Réputée comme la première femme à enregistrer de la musique en Afrique de l’Est, Siti binti Saad a joué un rôle crucial dans l’évolution du Taarab. Elle a utilisé sa musique pour aborder des questions sociales et politiques, rompant avec les thèmes traditionnels de l’amour.

https://www.youtube.com/watch?v=BQy2TgOzxDc

– **Culture Musical Club** : L’un des groupes de Taarab les plus célèbres de Zanzibar, connu pour sa capacité à fusionner des éléments traditionnels et modernes.

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Artistes moins connus

– **Rajab Suleiman** : Un talentueux joueur de qanun qui a su moderniser le son traditionnel du Taarab tout en respectant ses racines.

https://www.youtube.com/watch?v=ezNGYoDdeac

– **Mohamed Issa Matona** : Un artiste et compositeur qui a contribué à la scène Taarab à travers ses compositions innovantes.

– **Ikhwani Safaa Musical Club** : Un autre groupe historique qui a aidé à populariser le Taarab à travers ses enregistrements et ses performances.

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Le Taarab continue d’évoluer, intégrant des influences contemporaines tout en préservant son riche héritage culturel. Ce style musical reste un pilier de l’identité culturelle de Zanzibar et de la Tanzanie, unissant les générations à travers ses mélodies intemporelles et ses rythmes envoûtants.

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