Origine
La tarantella trouve ses racines dans les régions méridionales de l’Italie, en particulier dans les Pouilles, la Calabre, la Campanie, la Basilicate et la Sicile. Ce style musical et chorégraphique remonte à plusieurs siècles, avec des origines à la fois mythologiques, religieuses et médicales. Elle est étroitement liée au phénomène du tarantisme, une croyance populaire selon laquelle une morsure de la « tarantula » – une araignée venimeuse – provoquait un état de transe nerveuse ou hystérique que seule une danse frénétique pouvait guérir. Cette tradition, attestée dès le Moyen Âge, suggère que les victimes de la morsure devaient danser de manière convulsive et continue au son d’une musique rythmée afin d’évacuer le poison par la sueur. En réalité, cette explication cache probablement des crises psychogènes ou des troubles nerveux collectifs que la musique et la danse aidaient à canaliser.
Certains chercheurs relient ces pratiques à des rituels païens bien plus anciens, notamment ceux dédiés à Dionysos ou à Cybèle, divinités associées à la transe et à la possession. L’église catholique, tout en condamnant certains aspects, a récupéré partiellement ces pratiques en les associant à des fêtes religieuses comme celles de Saint-Paul ou de la Vierge. Le tarantisme a été particulièrement étudié dans les villes de Galatina et de Lecce, dans les Pouilles, où les « tarantolati » étaient amenés chaque année pour danser dans les églises.
Historique
Du XIIIe au XVIIe siècle, le phénomène du tarantisme prend une ampleur importante. Des musiciens itinérants se rendaient chez les malades présumés pour les faire danser à l’aide de rythmes rapides joués au tambourin et à la mandoline. Ces pratiques ont donné naissance à des formes musicales bien codifiées, avec des motifs récurrents, des mélodies cycliques et des rythmes binaires ou ternaires soutenus. C’est ainsi que la tarantella s’est imposée comme un style musical populaire.
Au XVIIIe et XIXe siècles, la tarantella commence à être stylisée, notamment dans les salons bourgeois et aristocratiques de Naples et de Rome. Elle est alors exportée dans le reste de l’Europe comme un symbole de l’exotisme italien. Des compositeurs classiques comme Rossini, Chopin ou Liszt s’en inspirent pour créer des versions savantes.
Au XXe siècle, la tarantella connaît plusieurs renaissances, notamment dans les années 1970 avec les mouvements de redécouverte des musiques folkloriques. Des ethnomusicologues comme Diego Carpitella ou Ernesto De Martino documentent son histoire et ses variantes régionales. Dans les années 2000, elle connaît un regain de popularité avec des festivals comme la « Notte della Taranta », attirant des milliers de spectateurs chaque été dans le Salento.
Pas et chorégraphie :
La tarantella est une danse rapide, vive et souvent improvisée. Elle se danse en couple ou en cercle, parfois entre plusieurs participants. Les pas consistent en des sauts légers, des tours sur soi-même, des frappes de pied, et des mouvements d’esquive ou de poursuite symbolique. Les danseurs font souvent claquer leurs mains, agitent des mouchoirs ou des jupes, et exécutent des figures évoquant la séduction, le duel ou le jeu. Le tout est exécuté avec une énergie intense, renforcée par les cris, les acclamations et le rythme du tamburello.
Certains types de tarantella comme la pizzica tarantata incluent des pas très codifiés associés à des états de transe ou d’invocation spirituelle. D’autres, plus festifs, comme la tarantella napolitaine, privilégient les jeux de jambes et les mimiques expressives.
Œuvres emblématiques
– « Tarantella del Gargano » – Daniele Sepe
– Cicerenella · Brunella Selo
Exemples vidéo
– Danse traditionnelle :
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