Le Style Musical Yaraví : Un Voyage au Cœur des Andes
Origine
Le Yaraví est une forme musicale traditionnelle originaire des Andes, particulièrement enracinée au Pérou. Ce style musical est un héritage précieux des cultures andines précolombiennes, mais il a également été influencé par les traditions espagnoles apportées durant la période coloniale. Le terme « Yaraví » lui-même trouve ses racines dans le mot quechua « harawi », qui désignait les chants mélancoliques et poétiques des Incas. Ces chants exprimaient souvent des thèmes de tristesse, d’amour perdu, et de nostalgie, caractéristiques qui perdurent dans le Yaraví moderne.
Historique
L’histoire du Yaraví est étroitement liée à celle du Pérou, un pays marqué par la fusion des cultures indigènes et coloniales. Avant l’arrivée des Espagnols, les Incas utilisaient le harawi pour des cérémonies religieuses, des rituels agricoles et des événements sociaux. Ces chants étaient souvent accompagnés par des instruments traditionnels tels que la flûte de Pan (zampoña) et le charango.
Avec la colonisation espagnole au XVIe siècle, le harawi a évolué pour incorporer des éléments de la musique européenne. Cette fusion a donné naissance au Yaraví, qui s’est propagé à travers les Andes, devenant une expression poignante du syncrétisme culturel. Au XIXe siècle, le Yaraví a gagné en popularité, notamment grâce aux efforts de compositeurs tels que Mariano Melgar, dont les œuvres ont solidifié ce style en tant que symbole de l’identité péruvienne. Melgar, un poète et patriote péruvien, a intégré des éléments romantiques et nationalistes dans ses compositions, ce qui a contribué à l’évolution du Yaraví en une forme musicale plus complexe et littéraire.
Instruments
Le Yaraví est traditionnellement interprété avec une variété d’instruments qui reflètent ses racines andines et ses influences coloniales. Voici quelques-uns des instruments clé :
1. **Charango** : Un petit instrument à cordes semblable à une guitare, le charango est fabriqué à partir de bois ou de la carapace de tatou. Il possède généralement dix cordes groupées en cinq paires. Sa sonorité brillante et rapide est emblématique des musiques andines.
2. **Zampoña** : Aussi connue sous le nom de flûte de Pan, la zampoña est composée de plusieurs tubes de différentes longueurs attachés ensemble. Elle produit une sonorité douce et éthérée, parfaite pour les mélodies mélancoliques du Yaraví.
3. **Quena** : Cette flûte andine traditionnelle est faite de bois ou de roseau. Elle se caractérise par son bec ouvert et son timbre expressif.
4. **Guitare** : Introduite par les Espagnols, la guitare est souvent utilisée pour accompagner le chant du Yaraví, ajoutant une harmonie riche et soutenant la mélodie principale.
5. **Bombo** : Un grand tambour à deux faces utilisé pour fournir le rythme de base dans de nombreuses formes de musique andine.
Structure Musicale
Le Yaraví est typiquement structuré autour de mélodies simples mais profondément expressives. Il est généralement écrit dans une tonalité mineure, ce qui contribue à son atmosphère mélancolique. Les progressions harmoniques sont souvent simples pour mettre en valeur la ligne mélodique et les paroles poétiques.
Le Yaraví utilise principalement des modes pentatoniques, qui sont courants dans la musique andine. Les mélodies sont souvent descendantes, renforçant le sentiment de tristesse et de nostalgie. Les variations dynamiques et le rubato (un tempo flexible) sont couramment utilisés pour ajouter de l’expression et de l’émotion à la performance.
Danses
Bien que le Yaraví soit principalement une forme de chant, il est parfois associé à des danses qui reflètent ses thèmes émotionnels. Les pas de danse sont généralement lents et gracieux, symbolisant la douceur et la tristesse des paroles. Les danseurs peuvent exécuter des mouvements circulaires, souvent en couple, évoquant l’amour et la séparation.
Les chorégraphies sont généralement simples, mettant l’accent sur l’expression émotionnelle plutôt que sur la complexité technique. Les danseurs peuvent également utiliser des accessoires tels que des foulards pour accentuer les mouvements fluides et expressifs.
Exemples de Danses
1. **Harawi** : Bien que principalement un chant, certaines interprétations modernes incluent des éléments de danse. Voici un exemple de danse Harawi :
Exemples Musicaux
1. **Mariano Melgar – « Yaraví »** : Une interprétation classique du Yaraví par le compositeur emblématique.
2. ** »El Cóndor Pasa »** : Bien que techniquement un huayno, cette pièce emblématique incorpore des éléments de Yaraví.
3. **Duo Ayacucho – « Yaraví de la Amargura »** : Un exemple contemporain qui capture l’essence du style.
Artistes
1. **Mariano Melgar (1790-1815)** : Poète et compositeur péruvien, Melgar est l’une des figures les plus influentes dans le développement du Yaraví. Son travail a intégré des thèmes romantiques et patriotiques, contribuant à définir le style.
2. **Jorge Bravo de Rueda** : Connu pour sa contribution à la musique andine, Bravo de Rueda a composé de nombreux Yaraví qui sont encore populaires aujourd’hui.
3. **Luzmila Carpio** : Chanteuse bolivienne, Carpio est connue pour sa voix unique et son répertoire qui inclut des Yaraví. Elle a joué un rôle important dans la promotion de la musique traditionnelle des Andes.
4. **Jaime Guardia** : Maître du charango, Guardia a interprété de nombreux Yaraví, contribuant à leur popularité moderne.
5. **Duo Ayacucho** : Ce groupe moderne a revitalisé de nombreuses chansons traditionnelles, y compris des Yaraví, en les adaptant à un public contemporain.
***video à venir***
6. **Chabuca Granda** : Bien que principalement connue pour ses valses péruviennes, Chabuca Granda a également intégré des éléments de Yaraví dans ses compositions.
Le Yaraví reste une forme musicale vivante et vibrante, unissant les souvenirs du passé avec les expressions culturelles contemporaines. En tant qu’art vivant, il continue d’évoluer, reflétant les espoirs, les peines et les aspirations des peuples andins. Que ce soit à travers une performance poignante ou une danse expressive, le Yaraví demeure un témoignage puissant de l’identité culturelle et de la résilience des Andes.